samedi 9 mars 2019

J - 168 Fake news bastiaise


J - 168

Fake news bastiaise

Comme emportée par une rafale de Libecciu, la serveuse se presse vers la terrasse les bras chargés d’une montagne de plats. Il est 13 heures, c’est l’heure de pointe sur la place Saint-Nicolas. Debout derrière son comptoir, le cuisinier mate la somptueuse paire de fesses qui s’éloigne, quand une voix rugueuse d’homme brise son moment de plaisir. Jusque là ce dernier, penché sur le zinc, semblait hypnotisé par une mouche posée entre son verre ballon de Casa et un bol de cacahouètes à moitié vide. 

- Oh, François, dis-moi un peu.
- Quoi Ange, qu’est-ce qu’y a ?
- C’est vrai cette histoire ?
- Quelle histoire  ?

 
- Celle du drapeau !
- Qué drapeau ? De quoi tu me parles encore ?
- Hè ! Y parait qu’on voit un drapeau corse à chaque manif des gilets jaunes, alors que des gilets jaunes ici on n’en a pas.
- C’est qui, qui t’a raconté cette stupidité ?
- Motus et bouche cousue, tu sais que j’ai jamais balancé personne.
- Aìo Ange ! Aìo ! Tu crois que j’ai que ça à faire que jouer aux devinettes avec toi.
- Ok… je l’ai lu sur Facebook.
- Chì capra chì tu si ! Qu’est-ce que tu perds encore ton temps avec ces trucs de iPhone ? Retourne surveiller ton Casa, va ! Moi, je passe en cuisine, il faut que j’envoie un to-eat.

Appuyé derrière la porte, François sélectionne la photo la plus « gorge triomphante » de sa nouvelle serveuse.

- Si avec ces deux là, je n’arrive pas à attirer tout Bastia chez moi, c’est la fin du monde, murmure-t-il avec un sourire moqueur tout en cliquant sur la touche envoi de son Samsung.

S’il savait ! Il y a encore quelques mois, elle s’appelait Jean-Charles.



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