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The
Deer Hunter
Son
regard acéré parcourt l’espace autour de lui. La trentaine, il est grand,
mince, musclé. Pendant qu’il se déplace, sa tête pivote pour couvrir chaque
recoin du lieu. Son visage reste de marbre, presque sans expression. Crâne rasé,
un teeshirt simple, un short long et des chaussures de sport sans fantaisie, sur
lui rien n’attire le regard.
Il
choisit son poste avec soin. Un endroit peu exposé d’où il peut garder un œil
sur les arrivées, jauger tranquillement les proies potentielles et repérer ses éventuels
concurrents. Ce dernier aspect révèle parfois une de ses faiblesses. Son
orgueil, qui le trahit en laissant échapper un sourire rapide. Ce sourire par
trop prétentieux qu’il ne peut maitriser quand il estime qu’un des tireurs a
des ambitions démesurées. Lui se pense dans le haut du panier, « et toi,
gars, tu n’y as pas ta place », peut-on lire fugitivement aux coins de ses
lèvres.
Il s’active
tout en patience. Jamais l’ombre d’une once de précipitation. Il travaille
quelques séries de mouvements sans vraiment forcer, juste histoire de donner le
change. Ses réels entrainements, ils les mènent ailleurs, dans des lieux où il
retrouve ses vrais compagnons aux exigences sportives extrêmes. Ici, il vient
capitaliser sur cet investissement tout en sueur et en douleur qu’il développe auprès
d’eux. Après l’effort, le réconfort.
Cette
fois encore, le chasseur veut clouer sur son mur un nouveau trophée. Une jeune
biche au summum de sa provocante candeur. Ou bien une biche à la douceur
maternelle non altérée. Ou pourquoi pas une biche affirmée au pelage toujours fort
sophistiqué. Peu lui importe qu’elle soit biche cardio, biche muscu, biche
fitness… elle succombera à ses muscles puissants et à son air mystérieux. Aucune
ne lui résiste. Elle sera biche d’une après-midi ou d’un soir. Une biche à qui,
de retour à la salle, il accordera un sourire, quelques mots peut-être, mais
qui bien vite disparaitra de sa conscience, absorbée par la couleur des murs et
éclipsée par la lumière des nouvelles arrivantes.
Notre
homme a bien intégré que pour le safari sexuel, les salles de sport à 19,99 euros
par mois offrent un meilleur rendement économique que les boites de nuit et,
cerise sur le gâteau, évitent la déconvenue de ces affligeantes découvertes au
réveil le matin.
« Invitez
vos amis à venir vous dépenser avec vous ! » martèle le jingle entre
deux morceaux d’une musique aux sonorités chaudes et aux pulsations obsédantes.
(Portraits
volés de la fin du monde)
Nouveaux terrains de chasse... Mais Que dire des cougares à l'affût...
RépondreSupprimerBien y a une autre expression, mais ma mère m'a inderdit de la dire :)
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