samedi 28 octobre 2017

BONS BAISERS DE BISSAU, la scène d'ouverture !




Une vague de chaleur humide balaye la cabine. 

Un steward vient de faire coulisser la porte avant de l’avion. J’ouvre un œil. Quelle heure  ? Une heure trente du matin. Quelle heure absurde pour se poser. Pour se poser où déjà ?

Dès que je mets le pied hors du Boeing 737, le choc thermique me frappe encore plus rudement. Dire que nous sommes en hiver. 

Un antique escabeau grince sous mes pas. La nuit m’emprisonne dès le haut des marches. Une lune décroissante déverse son inexistante clarté sur le tarmac. Je bâille en regrettant mes lunettes de vision nocturne.  

Quelques lucioles incandescentes rougeoient au pied de l’avion. Soudain une bulle de lumière brise la noirceur ambiante, un militaire allume une cigarette avec son briquet. J’espère que le personnel d’escale ne fera le plein de l’appareil qu’à l’aube, sinon cette réunion de fumeurs anonymes pourrait nous précipiter par delà la porte des enfers. 

J’aurais préféré l’accueil d’hôtesses aux seins arrogants et à la croupe charnue, mais je pense que je vais devoir me contenter de ces conduits de cheminée aux uniformes bariolés. C’est fou ce qu’un treillis parait moins sexy qu’une jupe étroite, même dans la plus profonde des nuits.

L’aérogare nous attend de l’autre côté de la piste. Billet retour pour les années 70. J’ignorais que certaines villes de province avaient démonté les leurs pour les revendre sous ces latitudes. Soyons positifs, l’intérieur du bâtiment est éclairé. Direction donc… l’Aeroporto Internaçionnal Osvaldo Vieira, à en croire les néons bleutés qui serpentent sur la façade.

vendredi 20 octobre 2017

"Ses ennemis le trouvent Mortel", une nouvelle de SASSA







D’abord le bleu lumineux du ciel, puis le blanc éclatant des nuages. Un peu partout des trouées montrant un sol vert sombre plusieurs milliers de mètres plus bas. Très vite une couche opaque de givre recouvre la visière de mon masque. Je perds la vue pendant qu’un froid intense m’emprisonne.

Deux sensations qui déchirent l’instant et me projettent au cœur d’une mission deux ans plus tôt.

L’aveuglement et le froid, là-bas aussi. Désagréables souvenirs. Une opération à priori simple qui avait tourné à l’enfer.

J’avais été envoyé au Nigéria pour identifier un groupe de pirates. Ceux-ci menaçaient régulièrement plusieurs installations de Shell dans le delta du Niger. Rançons successives et exécutions sans raison avaient conduit à notre intervention. Une fois localisés, les forces spéciales les auraient ensuite neutralisés.

vendredi 13 octobre 2017

"Ses amis le disent Mystique", une nouvelle de SASSA




La porte s’efface et le bruit devient assourdissant. Un souffle d’air glacé balaye l’intérieur de la soute. Je fixe Elias à travers mon masque avant de hurler :


— Avant laudes !


« Avant laudes ! » Lequel de nous deux avait-il inventé ce cri de guerre ? Lui, si je me souviens bien, après ma fameuse nuit dans la cathédrale Saint Jean-Baptiste. « Les laudes sanglantes », comme le service avait baptisé cette opération à postériori.


Cette fameuse nuit, la Bête avait-elle vraiment cru trouver refuge et protection dans le bâtiment ? Des chevaliers du Moyen Age auraient peut-être respecté ce lieu sanctifié. Quoique. Au vu de la démence de ses crimes, la question aurait pu se poser. Peu m’importa, je n’étais pas chevalier.


J’aurais traqué l’infâme n’importe où. Je voulais la renvoyer dans un quelconque de ces milliers d’enfer par-delà les limbes. Là, des flammes attisées par le cri de ses dizaines de victimes l’auraient dévorée jusqu’à la fin des temps.


vendredi 6 octobre 2017

"Les femmes l'aiment Macho", une nouvelle de SASSA




Harnaché aussi lourdement qu’un gladiateur qui aurait décidé de rejoindre la Xème Légion, je me tiens debout tête baissée, musclant mes adducteurs à coups de trous d’air de plus en plus violents.

Le bruit des turbopropulseurs ne me gêne plus depuis longtemps. Je me suis habitué à ce désagréable bourdonnement au fil des années. La vieille baleine qui nous sert de taxi grince et vibre presque plus qu’elle n’avance.

Cela doit bien faire dix-huit mois que je n’ai plus gouté à cette version extrême du parachutisme qui nous attend. C’est comme le vélo, cela ne s’oublie pas, répètent à longueur d’entrainements nos instructeurs. Un sacré vélo tout de même.

Perdu dans mes pensées, je tente de m’isoler de cet environnement perturbé. Elias Mbako, mon coéquipier, se repose sur le banc derrière moi. Lui aussi se concentre en silence. Les dernières minutes avant le début des choses sérieuses.Une pratique rituelle !

Comme celle à laquelle je me suis adonné quelques heures plus tôt : ma purification avant chaque mission. Évacuer tout ce surplus à date de péremption qui squatte mon corps. Expulser toutes les toxines qui sommeillent dans ses plus sombres recoins. Obtenir une nouvelle virginité pour l’offrir au plaisir du danger.

La blonde vénitienne à l’autre bout du comptoir m’était apparue comme une bonne option pour y parvenir.

mercredi 4 octobre 2017

Pause dans BONS BAISERS DE LONDRES

J'espère que vous ne m'en voudrez pas trop, mais je vous propose de faire une pause d'environ un mois dans la parution des nouvelles de BONS BAISERS DE LONDRES.

A la place, je vous offre une nouvelle totalement inédite qui va vous permettre de faire la connaissance de Jo DRAKE, le héros de BONS BAISERS DE BISSAU, mon nouveau roman qui paraitra en novembre.

Cette nouvelle sera publiée en 4 fois, chaque publication pouvant (presque) se lire indépendamment des autres. 

Alors rendez-vous vendredi prochain pour la première partie !


BONS BAISERS DE BISSAU
(à paraitre en novembre)