dimanche 31 mars 2019

J - 146 Vous n’oseriez quand même pas ?


J - 146

Vous n’oseriez quand même pas ?

« La lumière violette qui baigne le lieu vacille un instant. Les dizaines d’écrans qui montrent le vide sidéral vibrent à peine. Très vite les étoiles reprennent leur place.

- Deux turbojets foncent dans notre direction, capitaine !

Serait-ce la fin, se demande l’homme en chassant un cheveu blanc sur son épaulette dorée. La croix de l’ordre du Centaure et celle de Jupiter brillent sur son uniforme impeccable. Debout, le dos droit et la nuque bloquée, l’officier se découpe telle une ombre terrible sur la passerelle de l’immense statocroiseur de la flotte jaune. Il pourrait utiliser les contremesures. À cette distance, ce serait largement suffisant. En a-t-il encore envie ?

- Turbojets à 2 minutes, capitaine ! hurle la voix métallique de l’ordinateur de bord.

samedi 30 mars 2019

J - 147 Le pouvoir de Miss


J - 147

Le pouvoir de Miss

Miss tourne autour de la table bourdonnant comme une abeille autour de sa ruche. L’oreille collée à son smartphone, Miss ignore tout autant ses amis assis que les personnes voisines. Indifférente, Miss boit, fume et téléphone à la fois. Miss, fille de la déesse Kali, se moque de tout ce qui n’est pas elle.

Miss porte un pull casaque dénudant une épaule charnue. Habité par une poitrine trop présente, son vêtement remonte et libère un nombril provocateur, hypnotique à force de tatouages concentriques. Comme pour expier ces chairs dévoilées, Miss s’est glissé avec douleur dans un jeans si moulant qu’il exhibe plus les formes intimes de Miss qu’il ne les cache. Miss, élève studieuse d’Aphrodite, veut que tous les yeux ne soient que sur elle.

Miss est imbuvable, mais Miss possède un regard vert, une crinière blonde et une peau dorée, qui mettent tous les hommes à ses pieds.

vendredi 29 mars 2019

J - 148 Le cœur à ses janviers


J - 148

Le cœur à ses janviers

Ses coudes appuyés sur une table en tôle blanche, le menton posé sur ses poignets, elle sourit. Derrière des lunettes bleutées, elle profite d’un soleil d’hiver aux teintes pastel. Souvent ses yeux s’égarent sur la mer calme. Parfois des paroles s’élèvent de ses lèvres au rose ravissant et se perdent dans un faible vent. Penchée au-dessus d’un verre de sirop, elle écoute une amie volubile.

J’admire sa beauté fragile. Le vé de son pull vert tendre s’entrouvre sur une gorge discrète. Mon regard s’attarde. Je n’ai aucun scrupule à le laisser trainer sur ses douces formes. Je la détaille et insiste à l’envi. Vous me trouvez irrespectueux. Surement, mais tout cela ne l’offense point. Pour elle, je n’existe pas. Dans l’axe d’un soleil déjà rasant, je ne suis qu’une silhouette en contrejour.

C’est ma chance et ma punition.

jeudi 28 mars 2019

J - 149 Quand avons nous échoué ? Médecine


J - 149

Quand avons nous échoué ? Médecine

- Quand nous avons admis la nécessité impérieuse et définitive  d'une classe moyenne !

- Mais elle porte les meilleurs docteurs, crée des médicaments en grande quantité et nous fait vivre plus longtemps.

- Seule la classe moyenne en bénéficie. Le résultat d'un pur calcul économique des plus riches. Les pauvres constitue une réserve importante et peu couteuse pour absorber de lourdes pertes. Par contre la classe moyenne a été éduqué par les riches et donc ils ne peuvent pas admettre que leur investissement soit perdu faute de soins satisfaisants. Mais quand le besoin de la classe moyenne disparait, le besoin de soins de masse disparait avec elle. Avec l'arrêt du besoin de la classe moyenne industrielle, la classe moyenne médicale disparait avec elle.

Son interlocuteur garde toutefois confiance dans l’avenir.

mercredi 27 mars 2019

J - 150 Eclore (extrait 4)


J - 150

Eclore (extrait 4)

« "Allez savoir", une expression qui résume à elle seule toute la complexité de la marche vers la connaissance »

Danielo D’Istria
Poète, reconnu par ses pairs comme le plus hermétique des penseurs ysthophraingiens
(1668 - 1701)

mardi 26 mars 2019

J - 151 Comment abuser d’un ado sans risque ?


J - 151

Comment abuser d’un ado sans risque ?

J’étais jeune et large d’épaules. Lycéen joyeux dans un pays plutôt drôle. Quand j’ai croisé ces gars aux idées qui foutent la gaule.

Ils nous ont dit « Si vous ne voulez pas apprendre la langue de vos ancêtres, autant vous tirer une balle dans la tête »

Nous étions jeunes, un peu fous et perdus, au bahut ils étaient nos profs, ces gars-là.

Aujourd’hui ils ont réussi, ils se sont emparés des pouvoirs. Combien d’entre nous ont pris une balle dans la tête, j’espère messieurs que vous le savez.

En Europe, des professeurs d’histoire dans leur salle de classe ne proposent pas à des jeunes de 16 ans la mort pour servir leur cause et leurs ambitions, vous dites-vous ? Il y a 35 ans en Corse pourtant certains l’ont fait.

Nous étions jeunes et larges d’épaules, à l’avenir toujours un peu flou et en recherche d’idéaux, proies faciles pour des profs sympas. Certains sont morts, et d’autres pas.