mercredi 26 avril 2017

"Le sable pourpre", une nouvelle de SASSA



Pour donner la mort, on doit l’accepter. Pas seulement la sienne, mais aussi celle de ses proches. Peut-être, surtout celle de ses proches. Nul ne sait comment il va réagir. Je ne suis guère différent des autres sur ce point.

Ce soir d’été, je cours sur la plage. L’effort fait oublier bien des choses et les journées des SAS en Irlande ne sont pas tendres, sans parler de nos nuits. 

Au détour d’un rocher, elle surgit à une dizaine de mètres devant moi. Elle aussi parcourt le sable léché par les vagues. Ses longues foulées l’amènent vers moi. Ses cheveux rouge feu volent dans le vent. Son visage tout de taches de rousseur et de gouttes de sueur m’éblouit. Son regard vert plante un dard brulant dans mon cœur.

Aucun de nous ne s’arrête. Nous nous éloignons, elle restera une image fugitive, sans doute la plus belle que je ramènerai de cette terre démente. 


mercredi 19 avril 2017

"La rose noire", une nouvelle de SASSA




L’entrée du pub se découpe dans la lunette de mon fusil de précision.
 

Jeune soldat à l’avenir prometteur, j’ai été mis à la disposition du Special Air Service, les forces spéciales britanniques, à Belfast. Notre mission consiste à protéger la fragile trêve annoncée il y a quelques mois. Notre stratégie, éliminer tous ceux qui s’y opposent. Nous essayons de maintenir la paix dans un univers de violence que nous-mêmes créons, une absurdité. 


Vers 17 heures, nous avons quitté notre casernement. Ce vieux fort qui domine la mer convient tout à fait aux sinistres opérations secrètes que nous menons. 


Nous sommes maintenant en place. Trois d’entre nous se cachent sur le toit d’un immeuble en briques d’un des fiefs loyalistes de la ville. Le quatrième couvre nos arrières, dissimulé dans notre Land Rover sombre. 


vendredi 14 avril 2017

Bons baisers de Londres, prologue. Une nouvelle de SASSA



Le soleil s’éteint sur la Tamise.

Une luxueuse Aston Martin Lagonda franchit le Vauxhall Bridge. À l’arrière du véhicule blindé, l’homme n’ose pas tourner la tête. Il ne veut pas regarder ce bâtiment de béton gris aux vitres vert foncé qu’il quitte pour la dernière fois.

Il aurait tant aimé que le brouillard noie la ville à cet instant, que sa dernière sortie soit discrète, mais le ciel est clair comme rarement à Londres.

Peut-être doit-il voir dans cette lumière qui éclaire la soirée, ce renouveau qu’il a apporté à cette institution qu’il laisse le devoir accompli. Grâce à lui, les nuages qui obstruaient son avenir se sont écartés et chaque jour la façade de ce majestueux building brille tel un phare dans Londres.

jeudi 13 avril 2017

Bons baisers de Londres, un recueil de nouvelles de SASSA



« Bons baisers de Londres » est un recueil de nouvelles centrées sur Sir Angus MacAlister, alias Angus Young.

Elles dévoilent les aventures de celui-ci durant ses 40 années au service de Sa Majesté.

À partir du 19 avril, semaine après semaine, je vous propose de vous les faire découvrir ici.

N’hésitez pas à réagir, voire même à interagir avec celles-ci.

Bonne lecture.

samedi 1 avril 2017

« Les femmes ont-elles le sens de l’humour ?», une nouvelle de SASSA



Londres, premier samedi du mois d’avril 2017. Quelque part dans les sous-sols de Vauxhall Cross, siège des services secrets de Sa Majesté.

De minuscules spots diffusent des cônes d’une lumière agressive dans ce lieu obscur. Une vaste salle de briefing à la grande table en bois foncé sur laquelle des sous-mains sombres font face à des sièges profonds en cuir noir.

Trop profond, se dit le représentant du Premier ministre en essayant de trouver une position qui ne le fait pas disparaitre sous la table.

Des micros se dressent en direction de chaque participant. D’inutiles serpents métalliques, la visioconférence est éteinte et les personnes présentes ne sont que cinq, quatre hommes portant costume strict et cravate sobre et un militaire dans un uniforme impeccable.

Assis, ils attendent que le ministre de la Défense prenne la parole. Quelques années en arrière, la pièce aurait été enfumée, mais aujourd’hui celle-ci est exempte de toutes traces de nicotine... et de toutes ondes radio aussi, les smartphones, même ceux ultrasécurisés de ces importants personnages, sont restés derrière la porte. Cette entrevue est classée au niveau le plus élevé du secret défense.

D’un geste lent, le ministre écarte le micro qui le gêne et après un toussotement rauque, il s’adresse à son auditoire. Quelques mots convenus de bienvenue, simples formes d’une politesse routinière, chacun de ces hommes, ou presque, connait ses voisins. Après cette introduction d’usage et une courte respiration, l’homme rentre dans le vif du sujet.