Le soleil
s’éteint sur la Tamise.
Une luxueuse
Aston Martin Lagonda franchit le Vauxhall Bridge. À l’arrière du véhicule
blindé, l’homme n’ose pas tourner la tête. Il ne veut pas regarder ce bâtiment
de béton gris aux vitres vert foncé qu’il quitte pour la dernière fois.
Il aurait
tant aimé que le brouillard noie la ville à cet instant, que sa dernière
sortie soit discrète, mais le ciel est clair comme rarement à Londres.
Peut-être
doit-il voir dans cette lumière qui éclaire la soirée, ce renouveau qu’il a
apporté à cette institution qu’il laisse le devoir accompli. Grâce à lui, les
nuages qui obstruaient son avenir se sont écartés et chaque jour la façade de
ce majestueux building brille tel un phare dans Londres.
Quand il a
rejoint cette maison, près de quarante ans plus tôt, la vieille dame ne
jouissait plus du soutien de celle qui régnait alors d’une main de fer sur le
pays.
La vie a été
difficile pour elle pendant toutes ces longues années qu’ils ont passées
ensemble. Les gouvernements se sont succédé, mais leurs idées n’ont pas changé.
La vieille dame devait s’éteindre pour son centième anniversaire. Une mort
sinon programmée, du moins souhaitée. La chute de l’URSS et la victoire de
l’allié de toujours, les États-Unis, lui avaient mis un pied dans la tombe. La
porte vers le repos éternel était grande ouverte.
Deux ans
avant cette date fatidique, il avait pris la tête de cette condamnée et la lui
avait préservée. Il partait donc l’esprit plus léger qu’il n’aurait pu
l’imaginer. Il restait bien des maux à soigner, mais la vieille dame était
sauvée.
Ce soir, le
seul poids qui pèse encore sur lui n’est plus sur ses épaules, mais sur ses
cuisses. Le poids d’un cadre contenant une vieille disquette et celui d’une
plaque de cuivre. Cette dernière constitue le cadeau de départ de ses
subordonnées.
L’homme
regarde à nouveau le gros caractère et les quatre mots qui y ont été gravés. La
troisième lettre de l’alphabet surplombe « Angus Young will return ».
Dans cette
voiture qui prend l’autoroute en direction du nord, l’homme sourit. Sir Angus
MacAlister retourne dans sa demeure ancestrale des Highlands.
A suivre
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire