J - 206
Genbaku
Un ciel bleu à nouveau ce
matin ! Une très belle journée s’annonce. Mais peut-on encore s’extasier sur la
beauté de la nature ? Des malheurs frappent sans fin l’Empire. Pourtant chaque
jour, à mon réveil, cet immuable soleil levant me nargue. Comme si nous n’existions
déjà plus pour lui. Comme s’il était totalement indifférent à notre chute.
Pourtant je ne peux y croire. C’est sous sa marque que nous nous battons. Sous
sa bannière, nous construisons ce monde où nous retrouverons notre juste place.
Mais la justice comme le soleil paraissent nous avoir abandonnés. Non, cela ne
peut être ! Ce matin, j’irais de nouveau au temple. J’y prierai pour la
gloire de nos armes. Je devrais me presser, il est presque 8h15.
Une invisible plume trace une
fine ligne blanche sur le bleu uniforme. La respiration du peintre, un
grondement sourd, l’accompagne. Soudain un bruit aigu surgit du néant. Le bec
crisse sur le papier et vrille l’espace.
8h15, Hiroshima, Japon, un
monde vient de prendre fin.
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