Une vague de chaleur humide balaye la
cabine.
Un steward vient de faire coulisser la
porte avant de l’avion. J’ouvre un œil. Quelle heure ? Une heure trente du
matin. Quelle heure absurde pour se poser. Pour se poser où déjà ?
Dès que je mets le pied hors du Boeing 737,
le choc thermique me frappe encore plus rudement. Dire que nous sommes en
hiver.
Un antique escabeau grince sous mes pas.
La nuit m’emprisonne dès le haut des marches. Une lune décroissante déverse son
inexistante clarté sur le tarmac. Je bâille en regrettant mes lunettes de
vision nocturne.
Quelques lucioles incandescentes rougeoient
au pied de l’avion. Soudain une bulle de lumière brise la noirceur ambiante, un
militaire allume une cigarette avec son briquet. J’espère que le personnel
d’escale ne fera le plein de l’appareil qu’à l’aube, sinon cette réunion de
fumeurs anonymes pourrait nous précipiter par delà la porte des enfers.
J’aurais préféré l’accueil d’hôtesses aux
seins arrogants et à la croupe charnue, mais je pense que je vais devoir me
contenter de ces conduits de cheminée aux uniformes bariolés. C’est fou ce qu’un
treillis parait moins sexy qu’une jupe étroite, même dans la plus profonde des
nuits.
L’aérogare nous attend de l’autre côté
de la piste. Billet retour pour les années 70. J’ignorais que certaines
villes de province avaient démonté les leurs pour les revendre sous ces
latitudes. Soyons positifs, l’intérieur du bâtiment est éclairé. Direction
donc… l’Aeroporto Internaçionnal Osvaldo Vieira, à en croire les néons bleutés qui
serpentent sur la façade.