Pour donner la mort, on
doit l’accepter. Pas seulement la sienne, mais aussi celle de ses proches. Peut-être,
surtout celle de ses proches. Nul ne sait comment il va réagir. Je ne suis
guère différent des autres sur ce point.
Ce soir d’été, je cours
sur la plage. L’effort fait oublier bien des choses et les journées des SAS en
Irlande ne sont pas tendres, sans parler de nos nuits.
Au détour d’un rocher,
elle surgit à une dizaine de mètres devant moi. Elle aussi parcourt le sable
léché par les vagues. Ses longues foulées l’amènent vers moi. Ses cheveux rouge
feu volent dans le vent. Son visage tout
de taches de rousseur et de gouttes de sueur m’éblouit. Son regard vert plante un dard
brulant dans mon cœur.
Aucun de nous ne
s’arrête. Nous nous éloignons, elle restera une image fugitive, sans doute la
plus belle que je ramènerai de cette terre démente.