Aujourd'hui je fête mon 53ème anniversaire et nous vivons au 4000ème siècle... absolument pas, si j'ai bien 53 ans, nous ne sommes qu'en 2050, mais la révolution verte a gagné, provoquant des bouleversements dignes du quatrième millénaire. Des choses impossibles à atteindre à une si courte échéance, affirmait-on à ma naissance, et pourtant. Désormais plus rien ne se perd, tout se transforme... rien ne s'oublie au fond d'un grenier ou au fond d'un placard... tout peut toujours avoir une utilité pour un autre... et les autres sont trop nombreux pour qu'on néglige quoi que ce soit.
Bien que personne ne possède plus rien en propre, notre monde n'a rien de communiste. Nous louons ce dont nous avons besoin, voitures, vêtements, électroménager, et quand nous ne les voulons plus, nous cessons de les payer et les rendons. Et vice versa d'ailleurs, nourri d'un vice on ne peut plus capitaliste : Rien n'est acquit, tout est toujours reprenable. Pas tout a fait, en fait, il reste une chose que tu continues à payer même après t'en être séparée, tes ex. Les enfants aussi parait-il, mais, malgré deux mariages, j'ai évité cette expérience. Un choix sans lien avec l'argent, je ne l'ai simplement jamais souhaité. Un refus générationnel, a-t-on pu lire à une époque dans les journaux. Le résultat du traumatisme de la COVID, la génération à la jeunesse perdue, qui comptait bien se rattraper. Mais bien vite, c'est la vie d'avant qui a rattrapé la plupart d'entre-nous, comme elle avait déjà rattrapé tous les Serge et Daniel qui avaient vite oublié l'utopie 68 pour enfiler le costume du bourgeois aisé.
Ce matin, le réveil m'est facile, bizarrement. Pourtant hier j'ai perdu mon job et aujourd'hui on devrait venir vider mon appartement de toutes ces choses que désormais je ne peux plus louer... je souris en pensant à la tête de mes ex quand elles vont apprendre la nouvelle, la source s'est tarie.
Je suis seul et nu, comme à mon premier jour, mais je me possède encore. Pour combien de temps ?
Rien ne se perd, tout se transforme... tout peut toujours avoir une utilité pour un autre... l'ultime utilité.
Soleil vert, je te sens arriver ! Il vaut mieux que je reste coucher.
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