"Le
Brexit peut devenir une chance pour la construction d’une réelle défense
européenne intégrée. Le départ de la Grande-Bretagne brise le lien linguistique
avec l’anglais (n’en déplaise à l’Irlande et à Malte). Il met aussi un terme à
des exigences tant industrielles que financières qui généraient d’insolubles entraves.
Avec
le retrait des forces britanniques, et la volatilité actuelle des États-Unis, l’Europe
de la défense doit bénéficier d’une promotion de chaque instant comme seul support
à notre crédibilité internationale, tant face aux trublions à nos frontières
comme la Russie et la Turquie, qu’à ceux plus lointains comme la Chine.
Je
vous propose de soutenir ensemble une approche basée sur la langue et la
cohérence des forces.
La
langue tout d’abord. Il parait difficile que les officiers de nos forces
maitrisent parfaitement plus de trois langues, en comptant leur langue maternelle.
De même que deux pour les sous-officiers. Cette force se structurerait autour
de deux pôles linguistiques, les officiers en parlant les deux langues et les
sous-officiers maitrisant la langue de leur pôle.
Les
forces maintenant. Quelques exemples de nos dysfonctionnements. La Roumanie ou
la Grèce n’ont pas les moyens d’une marine en relation avec celles de leurs
voisins potentiellement hostiles, et pourtant s'épuisent en soutenant les leurs.
De même, les pays baltes et la Pologne n’ont pas les moyens seuls de posséder des
matériels terrestres derniers cris en nombre suffisant et quand ils s’en
munissent, un comble, ils les achètent hors Europe. Sans même parler du cas de
la France qui brule littéralement ses budgets dans une force nucléaire bancale
et de moins en moins opérationnelle. Il faut concentrer nos efforts sur politique
globale de développement, d'achat et d'entretien de forces communes et
cohérentes, une approche complémentaire à celle des langues.
Voilà
donc ce que pourrait être une structuration à venir :
— Un
pôle de défense à orientation maritime basé sur les langues latines (le
français devenant la langue de référence)
— Un
pôle de défense à orientation terrestre construit autour des langues
germaniques (l’allemand devenant la langue de référence).
Bien
entendu, cela n’exclut en rien l’existence de forces terrestres constituées de Français
ou de forces maritimes de Suédois, mais la langue de référence de ces unités demeurera
celle du pôle de défense auquel elles sont affectées.
Les
forces aériennes, spatiales et numériques étant plutôt l’affaire d’officiers, leur
organisation pourra être vue ultérieurement.
L’objectif
de tout cela reste de créer une politique européenne militaire et industrielle,
cohérente et crédible, à cout optimum. "
L’homme
déposa sur le cuir brun trop patiné de son bureau la note qu’une de ses agents
à Strasbourg venait de photographier. Il détourna un instant son regard vers la
Tamise. Le soleil tentait par ses faibles rayons hivernaux de briser la vague
de froid qui déferlait sur la ville.
"Il fallait s’y attendre", marmonna-t-il.
Puis ses yeux glissèrent jusqu’à la carafe de Old Scottish Friend, à la couleur
ambrée si réconfortante. Au même instant, Big Ben sonna neuf heures. Comme pour
lui rappeler qu’il lui était interdit d’y gouter si tôt, ordre de la Faculté,
pourtant cela lui aurait fait tant de bien.
Après tout, les cartes avaient été
jouées, et plutôt deux fois qu’une, pensa le chef des services secrets britanniques
en introduisant la note dans une enveloppe à destination de Downing Street.
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