mercredi 12 juillet 2017

"Soleil noir", une nouvelle de SASSA



Coincé entre deux hommes d’affaires dans ce vol pour Tokyo, je rêve d’un verre.

Le Japon, l’émissaire du général Gramokov y a été vu. Il prendrait des contacts avec les Yakuzas, la pègre locale. Les tractations qu’il menait avec la baronne sur la côte méditerranéenne n’ont pas abouti. Notre présence sur le domaine ne doit pas y être étrangère. La perte du colibri ne s’est pas révélée comme totalement inutile.

J’effectue de nouveau une mission avec Duncan. Mon cadet se trouve quelques sièges plus loin, lui aussi en classe affaire, restrictions budgétaires obligent.

Je me décide enfin à quitter ce siège trop étroit. Au bar, sublime représentante de sa compagnie et du pays du soleil levant, une charmante hôtesse attend esseulée derrière son comptoir. Une peau de porcelaine qui met en valeur le rouge sang de ses lèvres. Un sourire qui s’accompagne d’un léger plissement des narines. Remontant ce tendre chemin, mon regard finit sa course, noyé dans le sien.

Pris dans les rets de ses jolis yeux bridés, mon esprit dérive. Sans que je sache réellement pourquoi, un reportage me revient en mémoire. Il présentait en détail cette nouvelle génération de long-courriers. Le journaliste y insistait sur l’existence de vastes cabines-couchettes pour l’équipage. Après tant d’années de carrière, je n’ai jamais eu l’occasion de tester ce type de transports. 




Regardant les doigts fins de la jeune femme qui prépare mon cocktail, je sens monter une tension irrépressible. L’absence de cette expérience dans mon curriculum vitae vire tout à coup à l’obsession. Pour compléter celui-ci, je ne vois qu’une seule solution, y gravir le mont Fuji de la dame.

La belle comprend vite ma destination et parait gouter mon courage. Rapidement elle s’ouvre à ma voix. Quelques minutes plus tard, nous nous retrouvons à l’intérieur d’une de ces fameuses cabines. Peu spacieuse et souffrant d’une totale absence d’insonorisation, bien loin des images idylliques du reportage. Peu importe, nul ne pourra prétendre que l’Écosse n’a pas su tenir son rang même dans d’aussi pénibles conditions.

Dès notre entrée dans la pièce, ma geisha ailée entreprend de me guider fermement dans l’ascension du sommet de son volcan national. Ses jambes magnifiques m’enserrent telles les parois d’un large et profond canyon. J’ignore comment elle s’y est prise, mais sous sa jupe étroite elle ne porte déjà plus que ses bas de soie. A-t-elle profité d’un moment d’inattention de ma part pour retirer sa petite culotte ? Ou assure-t-elle le service dans cette tenue ?  

Sans ôter le moindre de ses vêtements, de ses mains habiles, elle dégage ma virilité dressée et m’enfourne sans autres préliminaires dans le chaudron de son cratère intime. Me chevauchant sans retenue sur la couchette, avec d’amples coups de reins, elle provoque ces violents séismes précédant toujours une éruption.

Ses allers-retours aussi brutaux que brulants entrainent la chute de sa stricte coiffe et sa chevelure noire se déploie tel un soleil d’éclipse. À bout de forces, émergeant d’une parenthèse infinie, elle jette sa tête en arrière et part dans une torride explosion de lave qu’accompagne un rugissement que n’étouffe aucune contrainte.

Retombant sur moi, sa bouche essoufflée trouve enfin la mienne. Par les légers et réguliers mouvements de son bassin, répliques de son ultime tremblement de chair, elle finit par faire jaillir la sève bouillante de mon fier geyser.

En soupirant, ma cavalière asiate se dégage. Avec un sourire gourmand, elle regarde ce mat qui domine encore le champ de bataille trempé. La belle se rapproche. Elle ouvre sa bouche aux lèvres fines. Va-t-elle rendre un nouvel hommage à l’étendard de Saint Andrews ?

— Monsieur Young, mon Wakagashira aimerait ne pas vous voir trainer avec vos amis sur son territoire. Il espère pouvoir compter sur votre totale et entière collaboration. Sinon notre prochaine rencontre sera brève et peu agréable.

Sans un mot de plus la diablesse réajuste sa mise, recouvrant au passage un tatouage multicolore sur sa cuisse, un symbole Yakuza. Elle m’adresse un baiser du bout des doigts et s’en retourne à son service toujours aussi peu sous-vêtue.

L’interphone annonce des turbulences, même si elles ne peuvent pas être plus violentes que celles que je viens de vivre, il vaudrait mieux que je regagne ma place.

À ma sortie, je remarque que mon hôtesse ne s’occupe plus du bar. La jeune femme qui l’a remplacée me lance des regards sans ambigüité. Ma démone s’est montrée si expansive que son cri a visiblement enflammé sa collègue. Sa main glisse le long d’une flute de champagne, pendant que sa langue caresse sans pudeur ses fines lèvres.

J’ignore si elles partagent les mêmes habitudes vestimentaires et ne souhaite pas le savoir aujourd’hui. Les ressources du cœur de ma terre n’ont rien d’inépuisable ! Il vaut mieux que j’engage un repli stratégique en direction de mon siège.

Aucune trace en cabine non plus de ma torride partenaire. M’asseyant, j’aperçois Duncan en grande discussion avec une autre divine. Je préfère ne pas m’immiscer dans cette conversation-là. Je n’ai pas le courage de les interrompre. Après tout, si nos armes peuvent remporter deux victoires dans la même journée, pourquoi pas. De plus, il pourra confirmer le message et je saurai que je n’ai pas rêvé.

Ces quelques heures de sommeil avant l’atterrissage vont être les bienvenues.  


A suivre... mercredi prochain





Si cette nouvelle vous a plu, n'hésitez pas à retrouver mon univers dans "BONS BAISERS DE DUBAÏ"  suivi de "BONS BAISERS DE JAKARTA" 600 pages de suspense : De nos jours, la course folle de deux agents de Sa Majesté pour éviter un conflit majeur. Action, dépaysement et humour garantis. Existent en version électronique ou papier.







1 commentaire:

  1. Ah Ah ç On dit : Fuji-san. Mas la suite est pas mauvaise ! Je note les synonymes employés, du grand art !

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